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« Oui, Massimo, j’écoute…
Qu’il soit l’invité d’honneur de votre festival de BD ?...
Le 15 mars 2009 ?...
Bon OK, je consulte son agenda, ne quittez pas…
Ho ! Ne vous emballez pas trop vite, ce n’est pas certain qu’il sera libre, vous savez, il est très pris…
Entendu, mais n’oubliez pas de m’envoyer un p-mail, pour confirmer notre entretien téléphonique… »
« Un p-mail ? »
« Ho pardon, c’est une trouvaille à lui, ça. Un p-mail, comme paper-mail, un courrier postal, avec un timbre, quoi. Vous comprenez, ça nous donnera toutes les infos sur votre festival, au cas où… »
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« Bon, allez, vieux, secoue-toi ! C’est le moment de donner un second souffle à ta carrière. Je viens de dégoter une super occasion, en tête d’affiche d’un salon In-ter-na-tio-nal. Et attention, pas n’importe où… at the pays of Bande Dessinée ! Pour ton come-back, que rêver de mieux : La Belgique est à nous !... Et bien, cache ta joie. »
« Excuse-moi, mais je les connais tes plans foireux. Depuis le temps que tu me promets de regrimper dans le hit parade. Faut se faire une raison, je suis ringard, je suis ringard, un point c’est tout ! »
« Mais puisque je te dis que je viens d’avoir le Directeur du festival de Tournai, en personne. Il serait honoré de ta présence, ce sont ses propres paroles. »
« Et, c’est bien payé ? »
« Ecoute, j’ai fait mine de consulter ton agenda, débordant… de vide ; alors, ce n’est pas le moment de faire la fine bouche. Je vais recevoir sa proposition d’ici deux jours. En attendant, remets-toi un peu à l’exercice. T’as pris au moins deux kilos depuis l’an dernier ; tu es méconnaissable. Ca fait plus de trois mois que tu n’as pas mis le nez dehors, t’as peur que le ciel te tombe sur la tête ou quoi ? »
« Hé, ho ! Bas les pattes, Monsieur l’impresario fait son impressionnant ? Quand tu auras fini de me donner des ordres, je daignerai peut-être t’accorder une audience. Tu n’es pas mon coach sportif, que je sache ! Je retourne à la sieste, ronger mon os à moelle. Réveille-moi quand ce contrat mirifique sera arrivé du plat pays de Tintin et Milou.
Ha ! Milou, lui au moins ne se fait plus de bile. Pas besoin de frétiller de la queue dans des festivals de province ni de partager la vedette avec Danielle Gilbert ou Evelyne Leclerc au centre commercial de Trois Collines. La retraite éternelle, il a touché le Milou, les royalties lui tombent du ciel. Ha ! Il a bien négocié son contrat, lui ! Et moi, sous prétexte que je n’apparais, par hasard, qu’au cinquième épisode, je n’ai droit qu’aux miettes d’un faire valoir de second rang ! »
« Idéfix, enfin, arrête de râler. Tu ne vas pas recommencer ta crise avec ce fox terrier prétentieux, raciste, alcoolo et donneur de leçons par-dessus le marché. Tu as cent fois plus de talent que lui et toi, en plus, tu n’es pas artistiquement mort, alors bas-toi, nom d’un chien ! »
Deux jours plus tard, au grand dam de l’agent d’Idéfix, et le cachet de la poste faisant foi, c’est du Rhône qu’est expédié le fameux contrat, avec un autre cachet… celui de la participation honorifique sur une belle affiche au format 21 x 29,7, en quadrichromie sur toutes les bonnes vitrines de… TERNAY !
Comment expliquer sa méprise, au cabot dépressif et susceptible, sans risquer sa place de manager ? Quand une équipe perd trop de match, on vire plus souvent le bon entraîneur que les mauvais joueurs !
« Je ne voulais déjà pas me traîner à Tournai, pas question d’aller tourner à Ternay. Terminé ! »
« Mais, ce n’est pas un bled si paumé que ça, c’est juste à côté de Lyon. »
« Dans le Rhône ? Raison de plus, tu oublies. »
« Mais enfin, c’est pas si mal, le Rhône, c’est un très beau département. »
« Ho ! Toi, vu comme tu insistes, t’as déjà dû leur promettre quelque chose. S’ils veulent vraiment un chien à l’affiche, t’as qu’à appeler Alfred de ma part, il est toujours prêt à rendre service et puis, un petit coup de pub ne lui fera pas de mal. »
« Alfred, oui, bien sûr… j’y ai bien pensé… mais… figure-toi qu’il y était déjà l’an dernier avec Sylvain et Sylvette ; c’est lui qui leur a filé ton numéro. »
« Quel con cet Alfred ! De quoi il se mêle ? Et bien, qu’il y retourne, il deviendra la mascotte du fameux festival de Ternois. »
« Ternay ! »
« Ternay, Ternois, qu’est-ce que ça change ? Personne ne connaît ce patelin. De toute façon, je n’irai pas ; démerde-toi avec tes promesses. »
Evidemment, le carnet d’adresses de tout agent qui se respecte, lui permet de contacter bien d’autres stars du même milieu. Mais Idéfix ignore que Massimo, conscient de sa bévue, a déjà tenté de faire jouer ses relations, en vain.
Pas question d’appeler Bill, la réponse aurait résonné aux oreilles de Massimo telle une rafale de Kalachnikov. Cocufié, il y a plus de dix ans, par Idéfix, les années n’avaient pas altéré ni la rancœur ni la rancune du pédant cocker. Pas de prescription pour un crime de lèse-majesté ; Bill ayant repris à son compte la fameuse réplique de Don Diègue : « Plus grand est l’offensé, et plus grande est l’offense ! »
Rantanplan est surbooké, entre la préparation de son doctorat de droit, ses compétitions de flying-ball, la rédaction de ses mémoires et ses nombreuses apparitions dans son rôle principal, à contre emploi, en chien policier maladroit et nigaud.
La crise financière vient de ruiner Pif ; ce crétin a investi toute sa fortune en bourse ! Le Parti, furieux, l’a placé en liberté surveillée en attendant son passage en conseil de discipline. Il ne doit plus bouger d’une oreille ; l’heure n’est pas à la recherche de nouveaux sponsors.
Quant à Alfred…Massimo est bien obligé de préciser un nouvel élément…
« Il y a un problème supplémentaire, avec Alfred… Il est à l’hôpital. Et pour un bon bout de temps. Il vient juste de quitter le service des soins intensifs. Il a surpris Barbichette en train de brouter les plans de cannabis de Sylvain, et comme il a mouchardé, elle l’a encorné comme un vulgaire compère Renard ! »
« Pas croyable ! A ce stade, ce n’est plus du dévouement, c’est de la collaboration. Pas étonnant que sa grand-mère se soit fait tondre à la Libération. »
« Pourquoi, elle s’était tapée un Berger Allemand ? »
« Ecoute Massimo, t’es gentil, mais on ne peut pas tout prendre à la légère. Tu ne sais pas tout. Je vais te confier un secret, un grand secret. Bien avant que tu ne sois mon manager, je te parle de vieux, t’étais peut-être à peine au collège…Bref, c’était à l’occasion d’une tournée promotionnelle, pour la sortie de l’album « Le tour de Gaule ».
La soirée à Lugdunum s’est prolongée tard dans la nuit. Tard, très tard, très arrosée, très chaude aussi. Il y a eu quelques dérapages… Je te passe les détails, mais heureusement qu’à l’époque, on fréquentait quelques politicards bien placés. On a échappé de peu au dépôt de plainte, au procès, à la médiatisation, mais en contre partie, mes potes de virée et moi, avons été interdit de séjour dans tout le département, de façon définitive et sans recours possible.
Alors, primo, tu me jures de garder cette histoire pour toi et secundo, je vais y aller à ton foutu festival de Ternay, mais à une condition : tu les appelles et tu leur proposes une autre star, moins canine, mais plus colorée.
En attendant, j’enfile mon costume de Marsupilami et je révise les chorégraphies. De toute façon ce nouveau rôle me rapporte tout autant de fric et me rend bien plus populaire auprès du jeune public.
Ha ! Dernière chose, tu prévoiras aussi un grand carton de produits dérivés, on va l’optimiser ce voyage en province ! »

 

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